La nacelle du Car d’Or est surmontée de 13 angelots blancs aux ailes et au linge dorés.
Plusieurs d’entre eux présentent des cartouches – des panneaux peints portant du texte – sur lesquels nous pouvons lire des inscriptions en latin. Le fond, bombé, est blanc et les inscriptions, toutes différentes mais tournent autour du même événement historique : l’exil des reliques de sainte Waudru pendant neuf années loin de Mons. Elles sont réalisées en caractères d’imprimerie majuscules en noir mais quelques lettres, plus grandes que les autres, sont de couleur rouge.
Penchons-nous sur ces lettres rouges et attribuons- leur une valeur suivant la façon romaine de compter : I = 1 ; V (ou U) = 5 ; X (ou W) = 10 ; L = 50 ; C = 100 ; D = 500 ; M = 1000.
Additionnons maintenant les chiffres romains d’un même cartouche : nous obtenons toujours le même résultat : 1803.
1803, c’est l’année du retour à Mons des reliques après leur long exil loin de la cité de Waudru.
Chaque cartouche porte un chronogramme (du grec Il s’agit donc là d’une façon subtile d’écrire le temps ;
Chronogramme : n.m. inscription en vers ou en prose dont certaines lettres, considérées comme chiffres romains, donnent la date de l’événement auquel elle se rapporte (Flammarion)
Les chronogrammes étaient surtout en vogue dans les régions d’influence germanique, l’Allemagne et les anciens Pays-Bas. Avec un abbé qui n’était autre que le comte de Hainaut (depuis Maximilien 1er, c’est donc l’empereur du Saint Empire Romain Germanique), nos chronogrammes s’inscrivent dans une longue tradition culturelle.
Il existe différentes formes de chronogrammes : dans certains cas, il suffit de prendre les lettres numérales dans leur ordre d’écriture pour déchiffrer la date en chiffres romains : ce sont des chronogrammes naturels ; dans d’autres cas, il convient de les additionner (c’est le cas sur le Car d’Or) et nous parlons de chronogrammes additionnés ; parfois, l’auteur n’a pu trouver dans l’orthographe des mots les lettres numérales souhaitées et en assimile d’autres, comme, sur notre car d’Or, V et U = 5 ; X et W = 10 (dans l’ancienne graphie, V et U sont confondus, tout comme I et J ; quand à la valeur de W elle est naturellement le double de V) ; nous parlerons alors de chronogrammes libres.
Quand le chronogramme se contente d’indiquer la date, on le dira simple ; mais s’il désigne aussi l’événement (comme ceux du Car d’Or), on le dira double.
Nous pouvons donc dire des chronogrammes du Car d’Or qu’ils sont doubles, additionnés et libres.
Traductions des chronogrammes du Car d’Or
(Extrait de « Visite guidée de la collégiale de Sainte-Waudru à Mons » par Henri Hennebert, Mons, 1947, p. 77-78.)
1) Depuis neuf ans exilée de la patrie, Waudru revient, patronne pleine d’allégresse dans le temple qui lui est consacré.
2) Les reliques de Waudru, fugitives depuis neuf ans, sont replacées dans le temple antique qui leur est consacré.
3) Sainte Waudru, exilée l’espace de neuf ans, fut rendue de Rattingen au temple qui lui est consacré.
4) De Rattingen les reliques de sainte Waudru furent rendues à leurs sièges antiques.
5) Les dépouilles de l’auguste Waudru sont replacées au-dessus de l’autel.