On a connaissance de diverses processions en l’honneur de la Patronne de Mons à des époques très reculées. Au début du treizième siècle, les comptes du Chapitre de Sainte-Waudru mentionnent des travaux effectués sur un char processionnel.
Toutefois, l’on s’accorde à dire que la Procession du Car d’Or trouve une bonne partie de son origine dans l’épidémie de peste qui dévastait nos régions en 1348-1349.
Le 7 octobre 1349, les chanoinesses, le clergé montois et les autorités communales décidèrent d’organiser une procession pour demander d’être délivrés du fléau par l’intercession de sainte Waudru. Le corps de la sainte fut conduit aux Bruyères de Casteau, où l’on avait également conduit les reliques de saint Vincent, son époux.
Après un hommage de huit jours, l’épidémie diminua et disparut. Les Montois décidèrent alors d’organiser chaque année une procession en l’honneur de sainte Waudru pour la remercier de sa protection. Cette procession se déroulait en octobre. Elle fut cependant fixée au dimanche de la Trinité dès 1352, supplantant ainsi la procession principale de la Ville qui se déroulait le jour de l’Ascension.
La procession de l’époque était bien plus longue que celle que nous connaissons aujourd’hui. Cinq croix de pierre, devant lesquelles étaient lus les miracles, jalonnaient le parcours d’une vingtaine de kilomètres. La longueur et la durée du « tour » rendaient nécessaire l’un ou l’autre arrêt permettant aux pèlerins de prendre une collation à base de petits pains et de jambon.
Le Car d’Or en tête de la procession précédait les chanoinesses, l’autorité communale, les nombreuses confréries et corporations de la Ville.
Au début du XVe siècle, la « Confrérie de Dieu et Monseigneur saint Georges » participe à la procession et, au cours de celle-ci, fait représenter le miracle de son saint patron : le combat légendaire de saint Georges contre un dragon évoquant la victoire du Bien sur le Mal, de la Lumière sur la Ténèbre, du christianisme sur le paganisme.
En 1674, et cela ne plut guère aux Montois, les chanoinesses décidèrent une réduction du « Grand Tour ». Depuis cette époque la procession ne quitte plus le centre de Mons (seule exception en 1919). Le tour plus court, il n’était plus question de prévoir un casse-croûte. L’abbé Gérard Busiau, curé de la paroisse du Béguinage, y alla d’un couplet toujours présent aujourd’hui dans le chant du « Doudou » :
« Les Dames du Chapitre
N’auront pas du gambon
Parce qu’elles n’ont pas fait
El tour del procession. »
Le Chapitre de Sainte-Waudru organisa alors la procession sans discontinuer jusqu’en 1794, année où les troupes françaises supprimèrent le Chapitre montois.
Après la Révolution française, la procession reprit son cours mais avec nettement moins de faste. Il n’y avait plus de chanoinesses, les confréries et corporations avaient été supprimées lors des troubles de la Révolution et le Combat dit « Lumeçon » de saint Georges contre le dragon définitivement organisé hors de la procession, après la rentrée des reliques de sainte Waudru dans la collégiale.
Au cours du XIXe siècle et jusqu’en 1930, la procession se déroula tant bien que mal. En 1931, le chanoine Edmond Puissant remit en valeur la procession en y intégrant des groupes évoquant le riche passé (surtout la Renaissance) de la Ville de Mons.
Depuis, la procession n’a cessé de se développer, de s’embellir. De 600 participants, au début des années 1980, elle en compte maintenant plus de 1500. Aujourd’hui, la procession est surtout constituée de groupes évoquant les confréries et corporations des différentes paroisses du centre Ville. Des groupes issus du Grand Mons y participent également.
Le Comité organisateur est aujourd’hui propriétaire de l’ensemble des costumes. L’événement le plus marquant de ces dernières années fut sans conteste la restauration du Car d’Or, en 1988, à l’occasion du treizième centenaire de la mort de sainte Waudru.